L’art de célébrer l’imparfait

 

2022 est arrivé avec ses résolutions, ses modes qui sont « in » et « out » et son lot de bonnes intentions pour l’année. Ce que nous nous souhaitons: des lieux de vie où nous sommes capables de célébrer l’imparfait. De vivre dans des intérieurs qui sont réels, empreints de traces de vies et les célébrer. Et surtout, de s’enlever cette pression d’atteindre « la pièce parfaite » telle que vue sur Instagram ou Pinterest, parfaitement orchestrée et intouchée.

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Le Wabi-Sabi

Cette tendance à accepter l’imparfait vient en partie de la philosophie japonaise du wabi-sabi, présente depuis plusieurs années déjà. Le wabi-sabi a pour idée de rejeter la poursuite de la perfection et de célébrer la réalité de l’imperfection. Wabi fait référence à la plénitude et à la modestie que l’on peut éprouver face aux phénomènes naturels (solitude, simplicité, nature, dissymétrie), et sabi, la sensation face aux choses dans lesquelles on peut déceler le travail du temps ou des hommes (altération par le temps, patine des objets, décrépitude des choses vieillissantes). 

Il est possible d’appliquer cette perspective dans nos milieux de vie en mettant de l’avant la beauté de l’asymétrie, le passage du temps, la nature, l’inégalité, les défauts, le déséquilibre. C’est exactement ce qui rend de milieux de vie et objets uniques après tout. Le passage du temps, de la vie, qui rend les choses usées, portées, utilisées, aimées. C’est une célébration de l’impermanence.

Le wabi-sabi donne la permission d’être soi-même, chez soi, dans un endroit qui nous ressemble. Il encourage à faire de son mieux sans être dans une course folle de l’inatteignable perfection. Cette philosophie encourage à ralentir, prendre le temps, se poser et apprécier ce qui nous entoure. C’est ainsi qu’il est possible d’intégrer cette philosophie dans notre quotidien non seulement pour ses éléments esthétiques mais surtout pour sa vision des choses.

L'inatteignable perfection

Quel soulagement. Nous n’avons pas besoin d’avoir tout en ordre et parfaitement arrangé, en tout temps. Particulièrement après ces bientôt deux années difficiles, cette vision est un rappel, autant pour nos milieux de vie que pour nous même. Durant ces longs mois, nos maisons sont réellement devenues des milieux de vie et non seulement des « maisons ». Ce sont nos refuges, nos repères, nos cocons. 

La perfection est un objectif en mouvement qui n’est jamais complètement atteint. Alors pourquoi pas commencer à vivre réellement dans nos demeures? Plutôt que de se soucier de toutes les tâches à faire, des modifications de décos qui ne sont pas encore faites ou des meubles qu’on doit donc changer, peut-on s’enlever toute cette pression? Cette pression que nous nous imposons à nous-mêmes d’ailleurs. Certes, si l’organisation et le ménage vous font du bien, allez-y! D’ailleurs, c’est normal de vouloir améliorer son environnement et c’est tant mieux d’avoir des motivations. Il faut seulement que ce soit dans les limites de la raison et surtout, sans le but d’atteindre la perfection.

C’est drôle à quel point il est difficile de trouver des images de pièces qui ne sont pas « instagram ready » sur les réseaux. Où sont les choses des enfants qui trainent, où est la vaisselle de la veille et de l’avant-veille, où est la fameuse pile de linge à plier depuis des jours? On espère en voir de plus en plus et normaliser le fait que les pièces d’une maison y sont pour y être vécues. Soyons reconnaissants que nos maisons nous accueillent dès qu’on y entre, même si chaque coin n’est pas absolument parfait. 


Écrit par: Élise